Les dégâts provoqués par le patriarcat sont traumatiques. Ils ont abimé la santé physique et mentale des femmes et prescrit aux hommes une mutilation affective. A croire que quelque Deus ex machina de type pervers narcissique aurait tout fait pour « nous faire croire que les femmes ne sont rien sans les hommes » –« vieille fille »-« fille-mère » « maman solo » …- et que notre seule valeur ajoutée tient au regard dont les hommes nous gratifient. Certains n’ont-ils pas osé défendre une exception galante à la française avec « la liberté d’importuner » ?
Sans l’honneur statutaire conféré par l’évaluation masculine, nos corps mériteraient-ils encore la moindre estime ? Quand ils nous font l’aumône d’un harcèlement de rue (75%), nous devrions leur en être redevables. D’autant que l’Homme n’est pas censé accepter un NON féminin. C’est ainsi qu’incapable de réguler ses frustrations, il en devient prédestiné à être violent.
Cercle vicieux dû à des schémas stéréotypés entre soumission des unes et domination des autres et gros dégâts psycho sociaux pour tous toutes

Conséquence pour les femmes : une confiance en soi précaire, un danger diffus, des vies en suspens entre exigences subies, peur et profil bas, des existences gâchées, des destins brisés, des parcours cage dorée assignée à résidence – « la ménagère de moins de 50 ans » ressemble à une « Desperate Houswife » dépendante et névrosée. A contrario, le jugement du tribunal populaire, quand une femme n’a ni mari, ni enfant la place dans la case « anomalie ». Toujours une dépréciation prête à s’abattre sur les caractéristiques féminines liées aux corps, sur les choix de vie. Ce qui induit des remises en question incessantes en instabilité chronique. Le poids des mots qui anéantissent, le choc des gestes qui frappent réduisent à néant le corps et le moral des femmes.
Une atmosphère envahissante, propice à la dépression pathologique. Les femmes sont lésées, parce que traumatisées par un régime patriarcal de séquestration et coups bas à impact fortement morbide. Les identités négatives dont on l’affuble sont autant de sentences : grosse-vieille-lesbienne. Le système des hommes nous a défini par dévaluation comparative et nous a ainsi désunies.
Cette époque de dévalorisation hiérarchisée est-elle révolue ?
Les deux-tiers des familles monoparentales reposent sur une femme. Mal parties dans la vie, les femmes retissent du lien, recomposent une famille ; seules, mères-courage, travailleuses, aidantes, rescapées, performantes dans les études au travail ou dans le sport, elles se refont, mais à quel prix ? Une enquête reste à mener sur ces trajectoires tortueuses, mais exemplaires de combativité et résilience.
En France la rupture semble consommée. Nos révulsions et rebellions agitent tous les paysages institutionnels : de la politique, au cinéma (Judith Godrèche merci) en passant par la Religion, l’Ecole, le Sport… Néanmoins, les disparités sociales persistent. Des femmes issues d’autres pays encore plus oppressifs, subsistent en lutte ouverte – Iran « Mouvement femmes vie liberté ». Entre avancées, banalisation des violences et invisibilisation plus ou moins levée, la progression est chaotique et paradoxale. Souvenons-nous de ces collages féministes : noms de rues rebaptisées du nom de femmes célèbres, mais aussi rappel des victimes de féminicides.
On n’a jamais autant écouté et parlé des femmes. Une conscience émerge.
Mais les chiffres divulguant une opinion masculine rétrograde et incriminant les évolutions traduit une régression des mentalités, qui touchent même les plus jeunes hommes.
Les hommes se sentent majoritairement menacés par le rééquilibrage des droits. L’écriture inclusive ne s’impose pas, même si nos récits l’intègrent en résonance. On médiatise les féminicides et violences intrafamiliales, des femmes entrent au Panthéon – Joséphine Backer, Simone Veil… Des postes de pouvoir sont occupés par des femmes -nouveau président du Mexique : pour la 1ère fois une femme. Cette contagion heureuse n’empêche pas « la fabrique d’hommes violents ».
Le retour du slogan « mon corps mon choix » -notamment brandi par les personnes transgenres- au-delà de la légitime revendication du droit à disposer de son corps en auto-détermination, rappelle que nos sociétés oblitèrent les femmes, les privent de la jouissance de leur corps.
Comment s’en sort-on ?
Les ravages méritent d’être énumérés-évalués. Corps sous tension, objet d’investissement malsain. Même désaxé de sa puissance, marqué par de sombres desseins – cercle vicieux des violences faites aux femmes-, ce corps-Femme résiste aux préemptions masculines, carcans anachroniques et contentions -Ex. corset jupe soutien-gorge (Occident)-pieds cassés-bandés (Chine), seins repassés sexe excisé (Afrique), visages et corps voilés (Moyen-Orient). C’est par l’Education du plus grand nombre que ces pratiques extrêmes seront enfin abolies. C’est par l’Education de tous-toutes dès le plus jeune âge que nos corps -qu’ils soient féminins ou masculins- pourront enfin coexister à égalité.
INVENTAIRE des incidences et résistances – Piochez le sujet de votre intérêt et allez à la conclusion
On s’effeuille peu à peu des oppressions persistantes, mais nos corps restent absorbés par de mâles-ressentiments gradués depuis les atteintes les plus insidieuses jusqu’aux actes les plus graves.
Des enfants, des codes couleurs…
Bleu pour les garçons, rose pour les filles. Cibles marketing : des jouets orientent et conditionnent des rôles sociaux sexués – voitures-objets de guerre pour les uns, poupons-dinettes pour les autres. Par leurs choix, les parents sont vecteurs de codes de genres socialement diffus, très prégnants.
Crèches-Ecoles font l’expérience de dégenrer les jouets mis à disposition des enfants, pour les laisser libres d’interagir sans guidance genrée. On neutralise les couleurs, on réenchante l’enfance. Les petit.es coiffent/câlinent/s’échangent des poupées quel que soit leur genre.
Des mises sur rails différents fille-garçon – Liberté de mouvement / Familles / Institutions
Les comportements des enfants ne sont pas sujets aux mêmes paramétrages éducatifs ni aux mêmes appréciations de la part des adultes : un garçon violent est considéré comme ayant du caractère, une fille agitée est vite qualifiée d’hystérique. Un garçon précoce est dégourdi, la fille est dévergondée. Le jugement social invalide les filles qui s’adonnent à des jeux dits de garçon – « Garçon manqué ». Il dévalue au féminin les garçons dits sensibles : « Pédé », « chochotte », « fils à sa môman ».
Les attentes comportementales sont inégalitaires. Les filles sont empêchées, sur-disciplinées « ferme tes jambes, arrête de sauter tu vas te faire mal, ne montre pas ta culotte… ». Décence, discrétion et peur produisent un effet d’évitement sur les filles. Les garçons sont encouragés à jouer : au foot à la bagarre plutôt qu’à lire ou à échanger. Des activités sexuées alimentent des catégorisations préconstituées, des compétences différentes. Les interactions sensibles pour les filles, les aventures agressives pour les garçons. Ces retours d’expériences fondent des apprentissages inégaux, modèlent une conscience différente du monde.
Aider à la maison ? « Truc de gonzesse ». On le demande aux filles, pas aux garçons, éventuellement au détriment de leurs devoirs d’école. Couramment dans les familles traditionnelles.
Quand on traite différemment les unes et les autres, on leur fait intérioriser et incorpore des développements inéquitables, qui sont autant de périmètres physiques et mentaux injustes.
Les cours de Récréation sont des espaces de séparation. Monopolisées par les garçons, les filles n’en occupent qu’une portion congrue, discutant entre elles dans un coin. Des établissements font l’expérience de « designer » des espaces collectifs favorisant la mixité inclusive, pour contre-carrer les stratégies de domination inconscientes et lutter contre une répartition spatiale genrée.
Redistribuer les corps dans l’espace du quotidien reste un enjeu pour accéder à des Droits équitables. Des mesures incitatives permettent de dégenrer les activités, de les partager.
La conscience de l’espace : anxiété pour les unes, insouciance pour les autres.
Les filles doivent tout le temps faire attention à leur comportement -hypervigilance-, ne pas s’exposer aux hommes, éviter certains endroits, situations, « ne pas provoquer ».
Charge mentale, inquiétude pour elles, danger objectif, qui autorise d’autant plus les hommes à s’en prendre au corps féminin, puisque toute femme doit être formatée pour se méfier et s’auto-protéger du masculin.
Comme si la peur intégrée par les femmes valait permis de nuisance et d’agression masculine.
Une logique de culpabilité larvée s’ajoute à ce cynisme de pouvoir. Si une fille subvertit la règle, elle dira : « c’est de ma faute, je me suis mise en danger, je n’avais qu’à pas traverser le parc toute seule… ». Inversion de la charge de la preuve aux dépens de la victime. Et l’agresseur court encore, court toujours, il en a le droit.
Les garçons n’ont tout simplement pas à se préoccuper de leur responsabilité. Elevés dans le culte de leur valeur intrinsèque -beaucoup de pères préférant traditionnellement avoir un garçon- ils bénéficient de l’irresponsabilité de l’enfant-roi. Ce sont leurs choix et le regard qu’ils projettent sur le corps des filles qui déterminent ce qu’elles valent ou pas, ce qu’ils se permettent d’en faire. Dès en amont, le corps féminin est réduit à l’état d’objet disponible. Cette iniquité de place et d’estime sociale fait le lit de toute les l’injustices et violences. Chasse gardée masculine, sort des femmes.
Qui n’a pas vécu de façon plus ou moins vive une auto-censure vestimentaire : 60% ! « Pas de short, pas envie de me faire embêter », OU bien la présence débordante d’un homme assis jambes écartées dans le métro frôlant indélicatement notre corp, en plus de prendre toute la place ?
Tranches de vie courante, variante du mansplaining (quand un homme se permet d’expliquer à une femme des notions dont elle est parfaitement familière puisqu’elle en est experte).
Mais comment éduquons-nous nos fils, nos frères, nos compagnons ?
Les petites filles doivent se méfier du « grand méchant loup ».
Les « contes à rebours » racontés par la comédienne et artiste féministe Thyphaine D prennent à rebrousse poils les contes traditionnels qui parasitent notre imaginaire de représentations subliminalement sexuées où chacun.e reste à la place de son genre.
L’artiste renverse la perspective par un coup d’état féministe en langue Femina, rendant saillante la place injuste attribuée aux femmes dans notre société. En instaurant a contrario la Féminine universelle, elle démontre les travers du patriarcat en ce qu’il nous fait intérioriser l’injustice de genre comme une évidence, pour que nous soyons le relais de notre propre domination.

Imposture profitable à la propagande sexiste-misogyne.
Dans un registre complémentaire, celui de la Sociologie, la distribution sexuée du travail et des rôles sociaux -étudiée par Pierre Bourdieu- rend compte et cartographie « La Domination Masculine ».
Cette constante sociologique ne trouve-t-elle pas ses origines dans ces contes pour enfants, où la sorcière est une émanation de la marâtre empoisonneuse-envieuse de la beauté de sa rivale Blanche-Neige, soumise et « bonne à tout faire » pour 7 nains, mais qui a la chance, par un baiser non consenti, d’être « ravie » par son prince charmant etc… Contes pour enfants, vies d’adultes.
Le rapport à la sexualité s’inscrit dans la lignée de ces ségrégations genrées. Le garçon impose et dispose, même si la fille ne propose rien. Naturellement considérée comme passive et présumée consentante, elle est rendue responsable de tout dérapage incontrôlé : selon sa tenue vestimentaire, son manque d’attention, la réputation qu’on lui a faite. Et si elle ne dit pas non – et quand bien même si elle a bu, si elle ne se défend pas -effet de sidération-…- on présume un Oui. Double peine.
Rappelons que les pères emmenaient au bordel leurs jeunes garçons encore vierges. 1er rapport sexuel -pour les « dégourdir » avec une prostituée, image biaisée de la femme.
La boucherie pornographique n’a fait que cautionner cette pratique dans la continuité de l’histoire des rapports de domination économiques.
Quand on taxe d’allumeuse -terme dont l’origine se réfère à la prostitution- une jeune femme, on présume de son désir malhonnête. Non consentante pour un rapport sexuel, on lui nie le droit de dire « non », du simple fait que le désir de l’homme projeté sur elle la considère comme désirable donc aguicheuse.
Films et publicitaires relaient chroniquement l’image d’une femme vénale, sexualisée, attirant le regard, émoustillée par la pulsion désirante des hommes, sans garde-fou. Image d’un objet convoité qui se dérobe : « il a la voiture, il aura la femme ». Notre corps enjeu et produit de consommation est érigé en objet répondant aux critères-marketing de l’offre et la demande.
Par contradiction, seule une jeune fille encore vierge mérite le respect des hommes, à condition de rester exclusivement dévouée au mâle-bienfaiteur qui se marie avec elle. Processus d’achat-vente. La cote à l’argus des filles est indexée de zéro à 5 partenaires. Au-delà, le mâle n’en veut pas. Le respect pour le corps des femmes n’existe en réalité ni en amont ni en aval de l’espace mental masculin. La notion de « body-count » -le nombre de partenaires sexuels qu’une femme a pu avoir-, sert à mesurer quel niveau de considération plus ou moins respectueuse elle mérite de la part de la gent masculine.
La culture du viol atteint logiquement son comble avec les effets incitatifs d’une pornographie ultra misogyne, démocratisée, principale source d’apprentissage sexuel dès la pré-puberté. Des esprits immatures, hormonalement secoués, se retrouvent excités par cet univers de violences sexuelles décomplexées, dont les femmes semblent se délecter « Oh oui encore… ». Ils se calquent sur ces représentations fantasmées de supplices réels -64% – et en font une réalité hardcore. La culture du viol s’étend ainsi et le contrôle parental ne suffit pas à endiguer sa profusion via écrans et objets connectés. Facilitée par les réseaux sociaux, une éducation en berne, un harcèlement scolaire admis, la banalisation de corps altérés par la violence, la culture du viol transite sans filtre par tous les canaux de diffusion.
Le viol conjugal est à ce titre pleinement banalisé. La conjointe étant comprise dans le package – corps féminin = sexuellement disposé à. Le devoir conjugal et de procréation créditant ces présomptions de disponibilité tacite d’un corps offert sans consentement.
Le consentement ayant émergé à la faveur des combats féministes, est désormais intégré dans les textes de loi pour une justice plus équitable. Cependant, seuls 2% des viols font l’objet d’une plainte et d’une action en justice. La Police étant principalement composée de représentants mâles de l’ordre patriarcal, il est dissuasif pour une femme de porter plainte et d’amorcer l’engrenage judiciaire, très long. Les violences sexuelles envers les femmes ne cessent d’augmenter : + 20%
Les violences sur conjointe occupent le même terreau défaillant. Pas toujours prises au sérieux, elles aboutissent à des féminicides. Un arsenal juridique insuffisant -éloignement, interdiction d’approcher- téléphone de signalement d’urgence… n’empêche pas la recrudescence de ces crimes. En France aussi on défigure à l’acide, on immole le corps des femmes.
Les violences conjugales et intra-familiales constituent un risque de reproduction d’actes violents. Elles ont explosé ces dernières années. Enferme un homme avec sa compagne, il devient son bourreau.
Les INCEL – célibataires involontaires- perpètrent des tueries masculinistes, tout en rendant les féministes responsables de la haine qu’ils nourrissent à l’égard femmes. Ils sont galvanisés par une violence viscerale et adhèrent aux thèses d’une extrême-droite foncièrement anti-féministe.
Quid d’une justice réparatrice -comme au Canada- pour confronter et déconstruire ces hommes violents ? L’éducation, la formation, l’éveil des consciences, la prévention, les articulations entre professionnels de santé et de sécurité doivent s’organiser.

TABOUS – Intimité et censure
Les règles, encore tabou : « c’est sale, ça sent mauvais, ça tâche, ça empêche d’être active ». Cause de déscolarisation des filles dans certaines parties du monde ou de moindre pratique du sport, c’est un préjugé encore très fort. Les jeunes-filles en arrivent à se priver de certaines activités.
Rappelons cette remarque misogyne éculée : « t’es de mauvaise humeur, t’as tes règles ou quoi ? ». Manière de disqualifier les émotions-femme. Le sexisme ordinaire ajoutant une couche d’ignorance à la honte socialement orchestrée autour des règles, tout en hystérisant les femmes.
– De nombreuses actions contribuent à porter un regard positif sur ce phénomène naturel. Avec la journée internationale de l’hygiène menstruelle le 28 mai et des mobilisations solidaires « règles élémentaires » contre la précarité menstruelle et avec le traitement de l’endométriose.
Il y a 10 ans l’endométriose était ignorée et pas spécifiquement prise médicalement en charge. Désormais, le congé menstruel est possible dans certaines entreprises.
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– Une campagne de publicité pour les serviettes hygiéniques et tampons filme « Dame nature » venue rappeler la mise en suspens sociale de la jeune femme réglée. Mais Dame nature se retrouve congédiée. Souriante et bien protégée (donc sans risque de fuite), la jeune femme vante les mérites de sa protection hygiénique.
Dans l’inconscient collectif, les menstrues ne doivent pas se voir, raison pour laquelle les publicitaires en matérialisaient le flux liquide en bleu. Mais les temps changent.
– Une autre campagne publicitaire montre des filles et femmes de tous âges pratiquant des sports plus ou moins violents. Une joueuse de rugby essuie la-blessure qui saigne à sa tempe. Slogan : « pendant les règles, changer les règles du jeu ».
– La précarité menstruelle fait maintenant l’objet de campagne de dons, de prises en charge publiques. On s’est rendu compte que le budget des femmes est 20% supérieur à celui des hommes en matière de produits d’hygiène. Des collectifs féministes pèsent dans le débat public pour rendre certains produits de base gratuits.
– Socialement on continue d’attendre des femmes une tenue impeccables, surtout dans l’univers professionnel. Une femme dite « négligée » sera déconsidérée, avec moins de chances de réussite.
– De nouvelles politiques publiques font le choix de mesurer les impacts des décisions à partir de données sexuées. Ex. Budget Sensible au genre, avec une approche intégrée du prisme genré pour agir en transversalité et décliner dans tous les domaines des correctifs aux inégalités de genres. Ou une approche spécifique des services publics choisis pour être favorables aux femmes.

Le Sport a longtemps été interdit aux femmes. C’est grâce à Alice Milliat que les femmes ont enfin pu concourir aux jeux olympiques. 100 ans de combat et de retard, car le comité international olympique était masculin, ouvertement anti-femmes. Certaines disciplines leur sont longtemps restées fermées (haltérophilie) pour une question d’appréciation esthétique masculine : pas joli, pas féminin. Les Jeux 2024 sont enfin paritaires. Le débat sur les personnes transgenres constitue une nouvelle étape de rapport au corps inéquitable, privant pour l’instant de participation les personnes trans. L’effet de la prise d’hormones sur la performance soulève un débat rétrograde. Il est à souhaiter que les résultats des études scientifiques tranchent rapidement cette question.
Les Seins, irrépressible objet de désir exercent une fascination paradoxale. Le regard masculin les sexualise. Le fait d’allaiter son bébé en public fait encore l’objet de violentes controverses.
Le mythe de la maman et de la putain. D’un autre côté, une femme qui refuse d’allaiter est préjugée « mauvaise mère » et jugée dépourvue d’instinct maternel. Un puritanisme hypocrite est toujours à l’œuvre, balançant entre ces 2 jugements contradictoires.
« Cachez ce sein que je ne saurais voir ». Le regard pervers des uns imposant aux autres de s’effacer.
Les Femen ont fait de leurs seins leur uniforme activiste, en y inscrivant des slogans féministes et anti cléricaux. Les militantes animalistes également. Arrêtées sans ménagement par la police pour motif d’exhibition sur la voie publique, elles sont molestées et déferrées au tribunal. Le Clitoris, passé sous les radars durant des siècles par exclusion du plaisir féminin au bénéfice de la pénétration et de la jouissance masculine, est de nouveau représenté, célébré dans des œuvres d’art, collages, moulages et entre partenaires sexuel.les avides d’en réhabiliter le pouvoir orgasmique.
Clitoris excisé dans certains pays.
En France, la sanction pénale dissuade certaines familles de se livrer à cette mutilation traditionnellement prescrite sous couvert de religion. En réalité pour préserver l’honneur familial de l’homme et lui assurer une exclusivité sexuelle, quelles que soient les douleurs endurées par ces femmes amputées de tout plaisir sexuel. Des conditions d’hygiène aléatoires déterminent l’agonie ou la mort par septicémie des victimes de cette pratique.
France « le point du mari » : des obstétriciens, plus soucieux de préserver le plaisir de l’époux après l’accouchement par épisiotomie que d’accompagner leur patiente, tendent à restituer à l’utilisateur du corps-féminin-sa source de plaisir sexuel « pas trop élargi, pas trop endommagé ». Mutilation génitale à la solde du patriarcat. Evidemment, la parturiente n’est pas consultée.
Les viols de guerre, enjeu de pouvoir. Le but : souiller, déshonorer, chasser durablement. Les femmes tombées enceintes à la suite de viols de guerre sont ostracisées, inintégrables dans leur communauté d’origine. L’adversaire met en déroute tout une population sur des générations, reconstruit-répare les organes génitaux des femmes, leur redonne une intégrité et la possibilité de jouir de nouveau de la vie.
Le ventre des femmes continue de faire l’objet d’une fétichisation, en accès libre dans l’espace public sous prétexte d’une croyance toucher-porte bonheur. A contrario, quand les femmes prennent la décision d’en disposer en avortant, on assiste à l’un des plus grands débats de société des 50 dernières années. Gisèle Halimi et Simone Simone Veil (procès de Bobigny et manifeste des 343 salopes) respectivement avocate et femme politique incarnent la lutte pour l’accès à la contraception et la défense du droit à l’avortement.
Désormais inscrite dans la Constitution -en 2024, l’IVG est reconnue comme une liberté fondamentale. Ce droit d’interruption volontaire de grossesse ne cesse pourtant d’être remis en cause par l’adhésion religieuse traditionnellement nataliste, aux accointances d’extrême droite. La 2ème religion de France, l’Islam, applique aussi les interdits rigoristes du modèle patriarcal.
Quid des femmes vivant des accidents, des impossibilités économiques, une grossesse non désirée ?
Pendant ce temps, perdurent les discriminations à l’embauche – critère caché par les employeurs – du fait d’être femme susceptible de faire le choix d’avoir un enfant à un moment de sa carrière.
Le congé paternité vient légèrement rééquilibrer cette distorsion. Possibilité est donné au père de s’arrêter quelques semaines à la naissance de l’enfant. Mais combien d’hommes le font ?
Qui engage un projet de congé parental par la suite ? Le corps des femmes reste dépendant de contraintes économiques privilégiant le meilleur revenu.
La lutte pour l’indépendance financière et l’égalité salariale repousse les frontières patriarcales. On crève le plafond de verre, mais cet élan dissimule mal tous les coûts de l’arrière-plan idéologique du paradigme viriliste.

– le « coût de la virilité » (petit livre précieux, à lire absolument 😊) de la délinquance ordinaire aux crimes les plus barbares – Des agresseurs d’un côté (96% des crimes commis), des victimes de l’autre
– le coût de la désirabilité -approbation / dépréciation du corps des femmes,
– le coût des sujétions – tu seras caissière ma fille, tu seras mère au foyer,
– l’occupation durable de postes subalternes et professions ultra genrées -ex. infirmières, puéricultrice, femmes de ménage…
– l’ombre de la pédophilie – bac à sable des abuseurs,
– le coût des coups reçus – femmes battues, humiliées, sous emprise,
– le coût des charges mentales et comportementales qui détériorent la santé psychique des femmes, – le poids de l’incarnation de l’honneur familial et tous les crimes vendetta qui en découlent…
Le Corps des femmes est marqué par des siècles de domination masculine.
Autant de pertes d’opportunités de vie, d’ascension sociale systémiquement freinée, de biais et identités négatives intégrées :
– appartenance de classe,
– validisme envers les femmes en situation de handicap,
– âgisme « la ménopause n’est pas une maladie » mais au-delà de 50 ans une femme est considérée comme « périmée » ou comme cougar, autant dire « vieille salope »,
– grossophobie,
– racisme qui met les femmes racisées en 1ère ligne de toutes les discriminations, y compris médicales. Le « syndrome méditerranéen » au nom duquel on néglige de secourir une femme d’origine subsaharienne. Santé et préjugés cohabitent en une anti déontologie révoltante. Non-assistance à personne en danger.
CONCLUSION
Ce large panorama des crimes et biais sociaux patri-archaïques est vertigineux. A nous d’y mettre un terme. Les sorcières ont été sacrifiées, les ménagères domestiquées, les artisanes privées de retraite, les jeunes fugueuses marginalisées, les infirmières fétichisées, les femmes libres emprisonnées, les prises de guerre violées-prostituées – Les recluses ont fait le choix d’échapper aux hommes en se donnant à dieu, nos découvertes et travaux scientifiques ont été pillés-usurpés…

Le combat continue pour déconstruire une société à l’empathie déficitaire, aux valeurs indigentes et à la masculinité viciée.
Il appartient aux hommes de se rééduquer pour apprendre à prendre soin de la vie, de l’égalité et de la fraternité en intégrant et en pratiquant des relations de paix et amour, débarrassées de toute agressivité dominatrice.
Il appartient aux femmes de prendre soin d’elles, de gagner en liberté, de transformer leur résilience en une révolution citoyenne propice à l’émergence d’une société rééquilibrée. Reste à bannir les stéréotypes de genres et prescriptions sociales. Reste à élargir notre sororité en y incluant toutes les féminités, dont les femmes trans et racisées.

Références : « Ainsi soit-elle » Benoite Groult – « Sorcières : la puissance invaincue des femmes » Mona Chollet – « La cause des femmes » Gisèle Halimi – « Libérées : le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale » ET « Le couple et l’argent » ET « Pourquoi l’histoire a effacé les femmes » Titiou Lecoq – « Simone Veil : non aux avortements clandestins » Maria Poblete – Le coût de la virilité » Lucile Peytavin – Film Les femmes de l’ombre – |
© Hély R.B / Institut Adelphia, 2024. Tous droits réservés.
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