Chronique d’une victoire espérée, conquise et assumée.

Eprouvante anxiété ressentie au lendemain des résultats des élections européennes ; résultats sanctionnés par un pari politique inédit dans les circonstances : la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République. Ego-vexation ? Défi aux votant.es d’aller jusqu’au bout de la peur-rejet ? L’extrême droite ayant obtenu la majorité des sièges au Parlement européen (30) : en voulez-vous partout, jusqu’où vraiment ? Décision intempestive, qui met brutalement le peuple français au pied du mur. Trois semaines pour organiser des élections législatives anticipées. 

En état d’urgence, les collectifs féministes, LGBT, écologiques, de gauche nous apportent la force de partages compulsifs sur les réseaux sociauxIl s’agit d’éveiller les consciences sur la réalité politique de ce qu’est par essence l’extrême droite, malgré tout le ripolinage-polissage dont cette variante fasciste fait l’objet ces dernières années, elle fricote avec ses acolytes européens (Italie, Hongrie…) pour faire reculer les droits des personnes. Inciter à voter, faire barrage est une priorité.
Le racisme est la fibre motrice, qui transpire des discours nationalistes. Repli identitaire, mu par la peur de l’autre, l’islamophobie et l’arrogance d’avoir contaminé une société aliénée par la consommation de produits politiquement avariés, par une perte de conscience, d’humanité, et appauvrie sur le plan culturel par la médiocrité médiatique. 
Liberté-Egalité-Fraternité n’est pas RN ; épouvantail qui à force d’être agité porte à conséquences. Il promet des jours heureux à certains autant que l’enfer à d’autres. Et ses critères de paradis-chaos divisent la société : d’un côté celles et ceux auxquel.les on dénie toute légitimité d’exister et qui mériteraient, au vu de leurs différences et spécificités, d’être traqué.es-violenté.es-renvoyé.es-éliminé.es. De l’autre côté, les chasseurs autorisés à régner en maîtres et à tuer, aux seuls motifs qu’ils seraient de souche pure et armés. Ridicule cloisonnement, ignorant les origines du peuple français. Résonance évidente avec la ségrégation racialiste et avec un rapport au monde prédateur. La ère-haine stigmatise, cultive le vide de l’obéissance et prétend donner pouvoir aux cerveaux strictement disponibles pour des media mainstream incendiaires, tombés aux mains de richissimes capitalistes ayant intérêt à l’entre-soi et au renforcement des discriminations.
Tandis que le discours de haine entre par effraction dans les foyers plus ou moins modestes via CNews et C.Hanouna – figure emblématique du soutien au RN et de la décérébration en marche- la fortune de certains enfle d’autant plus que le niveau mental des autres atteint les profondeurs. On surfe sur le déficit éducationnel, la misère sociale, le ressentiment et l’encouragement aux vindictes-clashes de bas étages. Le patriarcat fait système belliqueux de compétitions agressives.
On sacrifie sur l’autel des inégalités l’étranger, bouc-émissaire permanent, traditionnellement en proie à toutes les détestations quelle que soit son histoire, son attachement au pays d’accueil, son degré d’intégration. Profiteur, violeur, parasite etc… Son image négative fantasmée projetée diffusée fédère une fraction de la population intellectuellement déclassée, ignorante de la richesse d’un melting-pot qu’elle ne côtoie pas. Avide de blanchifier ses territoires, contre celles et ceux qui ne seraient ni conformes ni conventionnel.les. On lui promet qu’ainsi tous ses problèmes seront réglés. 
Chasser l’étranger, casser du PD, renvoyer les femmes au foyer, faire croire que l’écologie est une lubie gaucho frustrante etc… puise sa source dans une rhétorique de raccourcis facilitateurs de haine à consommation prédigérée. L’Allemagne nazie n’a-t-elle pas cédé aux sirènes de l’antisémitisme alors qu’elle se cherchait un sauveur dans un moment de déshérance nationale ? Le nationalisme harponne facilement l’esprit humain parce qu’il le vide des références historiques, de son potentiel de développement critique et câline son intérêt individualiste au détriment de tout Autre : le Différent, le Migrant, le Trans, objets de mépris répulsifs, de soupçons et de désir d’ordre. Ce n’est même pas une question de couleur, ni de religion, mais d’allégeance au pouvoir de la division et de l’injustice qui rêve de s’établir. Ce qui inclue toutes les phobies : LGBT, Wokisme, féminisme… Les minorités de genres sont particulièrement ciblées (personnes trans).
Le RN sait jouer du désir et montrer du doigt le déplaisir engendré par une présence pseudo-concurrentielle (le grand remplacement), celle des étrangers, des non binaires, des islamo-gauchos. 
Le RN cultive un récit national de domination binaire, qui évacue l’Histoire de nos évolutions, au profit d’un mythe patriotique masculiniste, négationniste, xénophobe et transphobe
Que tous les autres droits reculent restaurerait une ascendance sécuritaire, un privilège en passe d’être perdu par un patriarchaïsme autoritaire, colonisateur et violent désormais à la dérive.



Face à l’invention d’une suprématie raciale destinée à convaincre d’un sentiment exclusif d’appartenance des français.es, à défaut d’avoir réussi à les éduquer à l’ouverture d’esprit des Lumières, à la paix sociale et à la diversité inclusive, les Gauches se fédèrent très rapidement en un Nouveau Front Populaire, figure de proue qui agrège notre diversité. Forces de la résistance, nombreuses-nombreux à être minoritaires, comme en témoigne une marche des fiertés toujours aussi pacifique et tellement plus engagée. Nous faisons la révolution tranquille des mœurs, des choix d’identité, des MeeToo et balance ton porc. Dans toutes les sphères de la société, les assigné.es-opprimé.es, victimes des normes et pré-jugé.es dominants avancent main dans la main, font front commun. La diversité s’incarne en un ensemble arc-en-ciel. A ce moment précis, je sais que le lendemain de la Pride, pour le 1er tour des élections législatives – le 30 juin 2024-, tous.tes celles et ceux qui ne se sentent pas tout à fait concerné.es par la politique, iront voter en masse. Câlins -free hugs- avant-coureurs de : « je te vois, je te crois, je m’engage, je te sauve ». 
Je pressens une formidable participation. J’observe le melting-pot d’une jeunesse colorée, sans frontières, motivée par tous ses étendards. Je crains le 2nd tour -début juillet/période de vacances, mais les procurations circulent à l’initiative de la plate-forme du NFP. Les mouvements citoyens de résistance ont l’expérience de rebondir, de créer la surprise, de se mobiliser au pied levé. Notre intersectionnalité est efficiente parce qu’elle embrasse nos divers motifs d’action en un tout cohérent. On veut : la paix, un autre monde pour tous-tes, porté par des valeurs d’unité et d’amour. Notre socle est solide, adulte, sans gros moyens, pourvu d’une énergie renouvelable, celle de la conscience des enjeux et mutations, celle de lendemains équitables et meilleurs. 

La constitutionnaliste en moi reprend du service. Les 5 points d’écart qui séparent les 2 mouvances arrivées en tête du 1er tour – le RN et le NFP – sont rattrapables par le courant de gauche, à condition que le front républicain soit maintenu pour contrer le RN. Quelques trahisons à droite. 
J’évalue socio politiquement le poids relatif des chiffres, analyse la valeur des ajustements d’appareils, l’éthique du jeu des acteurs du système politique. Notre capital humain, avide de progrès-transformation n’a plus rien à perdre. Tout est dévasté. C’est notre combat LGBT, féministe, étrangers qui rend tout encore jouable. Faisons-leur la surprise d’un joli coup de théâtre. 
On pronostique une vague brune. Les français.es, peuple de sursaut républicain, auront à cœur de prouver que l’abrutissement envisagé n’aura pas sa peau. 
Au moment de cette Pride, je suis émue, enthousiaste. Je reconnais les signes d’une victoire possible. Les larmes occasionnées par le poignat discours de Judith Godrèche couleront pour une raison plus tard, plus apaisées. Parce qu’il est juste de faire confiance à la vie, de s’en remettre aux échos de l’universalisme qui cimente les strates constitutives de notre identité mobile, patchwork sublime des tissus d’une Nation cosmopolite. Je crois en la résilience d’un nouveau monde dépatriarcalisé, empathique, inclusif, rééduqué au féminin-pluriel, humanimaliste. Je fais de la pédagogie mon créneau. Former pour réformer et transformer la société pour inclure les différences en une harmonie foisonnante, résonante de sens et d’amour. L’Institut Adelphia est né.
La résistance s’organise, non sans humour, vu les slogans de la Pride, les détournements subtiles sur Intagram, qui donnent envie aux jeunes de comprendre, d’en rire, d’y croire et de s’investir pour le monde dont elles-ils ont la responsabilité. J’ai l’impression de transmettre un précieux relais étayant, intellectuellement structurant, politiquement intègre-engagé, artistiquement inspirant, universellement embrassant. Edgar Morin merci, Lexie, Lou Trotignon, Morgan Noam, Victor Hugo, Voltaire, Frida Kahlo, Simone de Beauvoir, Simone Veil, Colette, Mabolua Somahoro, etc… 

Le 7 juillet, raout final. Malgré le retrait de 129 candidat.es du NFP respecteux.ses du principe républicain du vote utile, la composition finale de la nouvelle assemblée nationale est indexé sur le facteur humain irréductible aux prévisions, fait de biais, détours et conscience réflexive
Nos représentant.es peuvent-elles/ils être des candidats RN ? Leur profil est débilitant -politiquement ignare- humainement abscond, assez pathétique. Les réseaux sociaux partagent des interviews véritables, qui ont l’air de sketchs ; c’est hilarant, mais préoccupant de vouloir confier son destin -nos représentants votent les lois qui régissent notre vie en société – à de tel.les incompétent.es. 
Je continue de partager ce pour quoi le RN a effectivement voté en responsabilité : contre le bien-être animal, contre les personnes en situation de handicap, contre tout progrès social, contre les femmes, les LGBT, contre la préservation du Vivant, contre les gens. La préférence nationale est une imposture. Citations, analyses socio-politistes, supports de philosophie politique, récits de femmes et associations pourtant apolitiques sont mises à contribution. Je sens la puissance d’une convergence nette dissoudre l’aura limitée de l’escroquerie en bande organisée du Réseau de la haine : parti de tous les mensonges, violences, discriminations et manipulations. Dans l’entre-deux tours, cela commence à faire tâche. Marine Le Pen a du mal à contenir les débordements de ses fachos nostalgiques des ratonades ; le récit de Jordan Bardella sur sa biographie dans le 93 se fissure elle aussi. Merci Mediapart pour l’éclairage, les vérités divulguées.  

Ce soir du 7 juillet 2024, je ne veux pas d’une soirée électorale où je devrais porter le deuil de mon pays d’adoption. Je suis une exilée, née en terre étrangère, dans un petit pays d’Afrique, immortalisé par la belle chanson de la Diva aux pieds nus. De culture française, je suis créole, ultra métissée. Je n’oublie ni ma langue maternelle (double : portugais et créole) ni l’Océan d’où je viens. Mon cœur est îlien, vibre sur diverses fréquences et module ses battements suivant ce que l’on prévoit de faire des gens, quels qu’ils soient : les autres animaux, le différent de moi, le tout proche. Le sort des personnes ne peut m’indifférer. Je me sens citoyenne du monde, solidaire d’une planète en souffrance climatique, solidaire d’un air vicié que l’on devrait purifier, solidaire des mers et océans, de leurs populations, de la moindre bête sur cette terre. Le RN serait la pollution de trop… Je me sens élément-élémentaire, complémentaire, pas fractionnée. Je sens que l’on peut gagner pour toutes ces bonnes raisons qui m’animent et justifient mon combat, ma présence, ma mission de vie. J’ai confiance dans toutes ces personnes qui chantent et grondent solennellement en affinités électives.

Je rêve d’un grand soir féministe, d’un espoir collectif, d’un baume au cœur anti désespoir
. Je suis une fée 😊 Paris sera toujours Paris. La ville lumière avait annoncé la couleur : on est mélangé, on le reste. Dans la capitale, une majorité de député.es du Nouveau Front Populaire élu.es ou réélu.es dès le 1er tour. Je sais pourquoi j’aime encore cette ville malgré toutes ses nuisances. 
Mes voisines sont postées au balcon. Je fonds en larmes au vu des résultats, on se fait le signe de la victoire, on s’embrasse de loin. Alliance entre humanimalitses, féministes, trans et autres ailes coupées qui persistent à défendre le droit à l’autodétermination, le droit à disposer de son corps librement, le droit à vivre sans violence. Des cris de joie retentissent dans mon quartier bigarré. On a gagné un supplément d’âme, on a supplanté le mal. On a gagné le droit de vivre encore plus éveilé.es et soudé.es. Des larmes de soulagement, comme un contre-feu qui éteint enfin l’incendie de la peur et du racisme, entérinent mon vœu. Merci l’Univers de l’avoir exaucé. Mon essence est spirituelle, je l’assume. J’ai le cœur à gauche, je l’assume. J’ai foi dans les infinies possibilités de l’Être. J’assume d’être une sophrologue en devenir. J’adhère aux liens métaphysiques qui m’unissent aux autres êtres. Je proactive l’espace-temps. Je l’assume. Dans mes bras, j’enlace ma femme trans. Je suis rassurée qu’elle puisse poursuive sa transition, qu’elle lui soit facilitée conformément aux promesses du NFP. J’assume qui, où, avec qui je suis, pour qui je lutte encore. Epuisée mais plus heureuse. 

L’adelphité a de beaux jours devant elle. Assumons cette remédiation comme l’espoir réaliste de faire émerger une conscience alternative
une acculturation porteuse de diversité inclusive et vectrice de paix sociale.